François Combes (1783-1859)
 

26. Deux conscrits de l'Empire (1803 et 1806)

Mars 1796 : Bonaparte Général en chef de l'armée d'Italie
Janvier 1797 : Victoire de Bonaparte à Rivoli.
9-10 nov. 1799 : Coup d'état du 18 brumaire. Bonaparte, Sieyès et Ducos consuls provisoires.
15 dec. 1800 : Constitution de l'an VIII, Bonaparte 1er consul
25 mars 1802 : Paix d'Amiens avec l'Angleterre. C'est la fin, croit-on de 10 ans de guerre.
20 mai 1803 : reprise des hostilités contre l'Angleterre.
Décembre 1804 : Napoléon Ier Empereur des Français.
9 août 1805 : formation de la 3e coalition contre la France.
2 dec 1805 : victoire d'Austerlitz contre les Russes et les Autrichiens.

A Malescombes le bas, Jean Combes, le fils de Guillaume s'est tenu à l'écart de la tourmente révolutionnaire. Il n'a pas eu la position de sa sœur Anne, trop bavarde contre les curés assermentés.
Un de ses fils, prénommé Jean comme lui, est recruté en 1806. Il part comme voltigeur dans les Armées Impériales, au 62e régiment de ligne. Sa carrière militaire est très courte : pendant la campagne de Toscane, il attrappe une fièvre en décembre et meurt à l'hopital de San Benedetto Alpe trois semaines plus tard.
L'autre fils de Jean Combes, François, né en 1783, aura plus de chance : conscrit de l'an douze (1803), il sera réformé "par défaut de taille"(sic). Ce petit jeune homme a donc moins d'un mètre soixante-trois, ce qui n'est pas rare autour de lui. François est analphabète, contrairement à plusieurs de ses ancêtres. François sera le grand-père de mon arrière grand-père.
Le 18 janvier 1809, François Combes épouse Marie-Anne Poujol  , qui a 28 ans. Ils habitent Malescombes le haut.

7 avril 1807 : appel anticipé de 80 000 hommes de la classe 1808 pour la Grande armée
14 juin 1807 : victoire contre les Russes à Friedland
3 septembre 1808 : pour la guerre d'Espagne : levée anticipée de la classe 1810 et des exemptés des classes 1806 à 1809 soit 180 000 hommes.
10 septembre 1808 : exemption du service militaire des hommes mariés et des veufs pères de famille. Multiplication des mariages pour éviter le départ à l'armée.

27. Derrière le rideau de l'Empire :

1810 : Au foyer François Combes, Marie-Anne donne naissance à Jean...
A la suite de quoi, une femme de Pierrefiche qui a perdu son fils pendant la guerre en Espagne a lancé à François Combes : «bientôt y aura plus que des nabots, puisque c'est les petits qui font les enfants de nos jours !». Mais François n'en regrette pas pour autant d'avoir été réformé pour sa taille. D'ailleurs l'enthousiasme des jeunes qui partaient "voir du pays" s'est bien émoussé. On a vu revenir des estropiés; on a entendu, à côté des grands récits lyriques, les détails atroces des combats. La paysannerie est saignée à blanc par le départ de ces bras vigoureux indispensables aux durs travaux de la terre.

16 décembre 1811 : levée de 120 000 hommes pour la guerre contre la Russie.
janvier 1812 : famine et hausses des prix. Emeutes en Normandie et en Bretagne.
7 septembre 1812 : victoire de Napoléon devant Moscou

Ce dimanche 20 décembre 1812, Antoine Sannier, Jean Roquette et François Combes sont attablés dans une taverne de Ste Eulalie. Devant eux, un journal : "le Moniteur Universel" en date du jeudi 17...

Sannier - Ecoutez ça : «le froid qui avait commencé le 7, s'accrut subitement et marqua bientôt 18 degrés au-dessous de 0...»
Combes - On a déjà vu ça par chez nous...
Sannier - C'est sûr, mais eux ils marchaient sans trouver ni auberge ni foin ni lit...
Roquette - La Russie c'est pas un pays pour les hommes !
Sannier - «Les chemins furent couverts de verglas...nous perdîmes des chevaux par milliers. En peu de jours : 30 000.»
Roquette - 30 000 chevaux !
Sannier - Toute la cavalerie de la Grande Armée est à pied ! «L'ennemi occupait tous les passages de la Bérésina...»
Combes - C'est quoi ?
Sannier - Une rivière «large de 40 toises et dont les bords sont couverts de marais... Le pont faisait 300 toises de long  ...Après 50 jours de marche à traîner malades et blessés, harcelés par les cosaques... Les hommes sont épuisés. Notre cavalerie est tellement démontée que les officiers auxquels ils restaient un cheval n'ont pu former que 4 compagnies de 150 hommes chacune.»
Roquette - Un désastre ! Et l'Empereur ?
Sannier - En bas, ils disent qu'il n'a jamais été aussi bien...
Roquette - Alors...Si lui est en bonne santé...
Combes - Moi, ce qui m'étonne c'est qu'ils mettent ça dans le Moniteur. D'habitude on nous parle que des victoires...
Sannier - S'ils osent, c'est que vraiment ça doit être grave...

1813 : levée de 150 000 hommes de la classe 1814, 100 000 des classes 1809 à 1812.
Sixième coalition contre la France
3 avril : levée supplémentaire de 180 000 hommes.
La guerre d'Espagne est perdue.
9 octobre 1813 : appel par anticipation de 160 000 hommes de la classe 1815, 120 000 rappelés des classes 1808 à 1814.
Défaite de Leipzig.
15 novembre : rappel de 150 000 hommes des classes 1813-1814.

1813 : François Combes et Marie-Anne ont un nouveau garçon : François

1814 : campagne de France.
6 avril : abdication de Napoléon à Fontainebleau
3 mai 1814 : entrée de Louis XVIII à Paris
mars 1815 : retour de Napoléon de l'Ile d'Elbe.
18 juin : Waterloo, dernière abdication de Napoléon le 22.
1815 : chute de Napoléon. Début de la restauration.
1816 : mauvaise récolte, début de famine, flambée des prix, émeutes en Brie et en Champagne.

Nouvelle naissance chez les Combes : Rose.

28. Des hivers terribles (1817, 1819, 1829)

1817 : Hiver très rude.

L'hiver 1817 et les autres...

Marie-Anne Poujol, la femme de François Combes, est montée sur le causse à la recherche des porcs lâchés à la glandée et qui se sont très éloignés du village haut. Augustin Vaylet les a vu partir vers les carbonnières. Le froid est terrible, les cailloux du chemin glissent comme des bulles de glace. Marie-Anne enfonce un peu plus sa coiffe et se presse. Instinctivement, elle met la main sur son ventre, comme pour mieux caler le petit foetus de six mois qui l'habite. Un vent cinglant gicle entre les haies, on croirait entendre des bêtes hurler. D'ailleurs quelques-uns de Pierrefiche ont aperçu des loups tout près du village; ils approchaient des étables avec arrogance, comme s'ils ne craignaient personne tant la faim était devenue impérieuse. En arrivant au causse bas, elle rencontre Louis Planque qui lui dit : «François a retrouvé les porcs, tu peux rentrer...». Sans un mot, Marie-Anne fait demi-tour et s'en va d'un pas rapide. Elle pense à sa petite Rose, à peine âgée de deux ans, qui a pris une mauvaise fièvre. Sa belle-mère Catherine   est montée du village bas pour s'en occuper. Le jour commence déjà à tomber quand Marie-Anne arrive. Devant la maison il y a la femme de Jean Domergue et Augustin Beluel. Dès qu'ils la voient, ils crient : «ah, ma pauvre femme !». D'un bond, Marie-Anne entre en bousculant Augustin : à la faible lueur du feu de la cheminée elle distingue le petit visage inerte de l'enfant, couché dans son lit. Sa belle mère est debout, à côté, le tablier relevé pour essuyer ses yeux.

1818 : Naissance de Marie-Anne Combes dans le foyer François Combes et Marie-Anne Poujol. Elle aurait voulu l'appeler Rose, mais son mari n'a pas voulu.

1819 : Hiver très long et très rigoureux

Le 6 novembre, Jean, le père de François Combes, meurt. Le froid fait des ravages parmi les vieillards. Né en 1754, il aura connu les rois Louis XV, Louis XVI, la Révolution, l'Empire, et pour finir, la Restauration avec Louis XVIII.

Janvier 1820 : Naissance d'Antoine Combes...

En Février, Marie-Anne sacrifie au rite des relevailles. Le dimanche, avant la messe, une trentaine de personnes sont rassemblées sur le bord du chemin, juste au-dessus de la petite église de Malescombes. Marie-Anne, emmitouflée dans une grosse cape de drap se tient à quelques pas de l'entrée. Le curé sort, revêtu du surplis et de l'étole blanche. Derrière lui, un clerc porte le bénitier. Le curé tend à la nouvelle mère un cierge allumé, puis il l'asperge d'eau bénite. En récitant un psaume il la conduit dans l'église. Derrière, au groupe venu plus tôt s'est joint la plupart des habitants du village. Chacun entre silencieusement en cherchant une place. Marie-Anne est à genoux devant l'autel pendant que le curé récite des prières en l'arrosant encore d'eau bénite. Les femmes n'aiment pas beaucoup cette cérémonie qu'elles prennent pour un exorcisme : comme si la naissance était une salissure diabolique qu'il fallait purifier. Le curé explique à l'assistance que la cérémonie est une bénédiction, une manière de remercier Dieu pour cette naissance. D'autant que Marie-Anne n'a pas fait de relevailles pour ses précédents enfants... Mais la mort de sa petite Rose lui a fait peur; la suivante, Marianne, est bien fragile, et ce petit Antoine est né très maigrelet. Alors on a conseillé à François et Marie-Anne de ne rien négliger pour consolider l'avenir...

1821 : naissance dans le foyer d'un garçon : Jean...
1822 : ...puis de Pierre...
1824 : ...et encore de Joseph...

1er septembre 1824 : mort de Louis XVIII
29 mai 1825 : sacre de Charles X à Reims
1827 : 1 français sur 2 ne sait pas écrire. 16 000 communes n'ont pas d'école.
Juin 1827 : ouverture de la 1e ligne de chemins de fer (St Etienne à Andrézieu)

1829 est aussi marquée par un hiver très éprouvant. Mais en juin, aux beaux jours, François Combes voit encore sa famille s'agrandir par la naissance de Jean-Baptiste. La mère, Marie-Anne, a maintenant 48 ans et 8 enfants vivants. Deux ans plus tard elle perdra Joseph, âgé de 7 ans.

4-5 juillet 1830 : prise d'Alger
27-29 juillet 1830 : "les 3 Glorieuses", révolution à Paris
9 août : Louis Philippe 1er roi des Français.
22 mars 1832 jusqu'à fin septembre : épidémie de choléra 100 000 morts en France.
juillet 1835 : choléra en Provence, puis Languedoc, puis Roussillon. Mort de 1% des habitants du var et des Bouches du Rhone.
22-24 fevr 1848 : révolution à Paris. La république est proclamée. Chute du roi Louis-Philippe.
2 mars : instauration du suffrage universel.
10 décembre : Louis Napoléon Bonaparte élu président de la République par plus de 5 millions de voix.
1849 : le choléra fait 100 000 morts
En 1851 l'oïdium (champignon parasite des parties vertes de la vigne) touche toute la France. On en viendra à bout en 1857 par le soufrage
1851 : Le 2 décembre, coup d'état, le 21 Louis Napoléon Bonaparte plébiscité par 7 400 000 voix
2 dec 1852 : Louis Napoléon Bonaparte Empereur (Napoléon III) après un plebiscite recueillant
7 800 000 oui
Juin 1854 et 1855 : le choléra fait 150 000 morts.
 
 
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